Impossible d’écrire correctement dans un train moquetté de jambières à carreaux portées par des femmes millenials qui attendent de voir à travers la surface noire du smartphone du voisin avant de se décider à écrire. Cette attente rend stérile le compartiment et fleure les petits sourires intérieurs de suspecte satisfaction. Impossible d’avancer à travers l’idée dévoilée du manspreading, maintenant qu’un R. Enthoven s’est saisi du sujet, un homme sérieux. La surface silicieuse silliconnée reste opaque, la millenial s’enferme dans un monde sans rédemption. Nécessaire de parler ameublement, parler soleil et sensation immédiate, nécessaire de discuter kitsch, mais ironiquement. L’ironie du kitsch sert de démon de Maxwell pour contrer la loi raisonnable des propositions constructives; on sait que c’est ridicule mais il faut bien décompresser. La surface du smartphone est identique aux miroirs de John Dee, ça ne peut servir que sur terre, c’est évident, l’écran ne franchira pas le seuil de la pesée. L’écran est fébrile comme un bodybuilder upgradé sur la balance, le synthol peut fuir, lidocaïne plus éthylène sur la moquette, un peu de sang et des résidus de tissus adipeux. L’upgrade fuit avant la résolution parce que le problème est mal formulé. Pourquoi. Parce que des millenials mâles se masturbent à travers les poches de leurs chinos Dockers, même s’ils ne le savent pas. Dans le compartiment du train qui nous amène au bord de la douane déserte, ça sent le gloss, le prépuce et l’attente d’un message en éternelle composition, et ça me déconcentre énormément, je veux rejoindre les meubles qui s’enfoncent dans le multivers de Tsederbaum, je veux rentrer là-bas pour ne plus les voir s’adonner à l’occultisme applicatif de l’outil communicationnel. Ce sont des gens d’un certain caractère.
Le train au synthol
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